www.gimp.clan.st : Le GIMP CLAN. Le portrait de Fabien Galthié, capitaine du XV de France. Tournoi des VI Nations

Fabien vu par Berbizier

 

 

 

 

    Fabien Galthié vu par... Pierre Berbizier 

Lorsqu'il débute en équipe de France, en 1991, Fabien Galthié remplace Pierre Berbizier. Un an plus tard, le demi de mêlée agenais est devenu l'entraîneur des Bleus. Pendant trois saisons, jusqu'à la Coupe du monde 1995, les deux hommes poursuivront leur route ensemble. Aujourd'hui, Pierre Berbizier revient sur celui qui lui a succédé à la mêlée française. Avec délices.



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Pierre Berbizier a entraîné l'équipe de France de 1992 à 1995. (Photo L'Equipe)


11 sélections sous l'ère Berbizier
1992 : 6, 2 essais marqués
1993 : 0
1994 : 3
1995 : 2

ZOOM
Pierre Berbizier a en lui deux images fortes de Fabien Galthié. Deux mi-temps de rugby, en deux ans d'intervalle, qui peuvent laisser rêver à un match plein. "Sur ces deux mi-temps, Fabien est au summum. Le raccourci parfait d'une belle carrière."

Tournoi 1997
Irlande-France : 32-15, le 18 janvier à Dublin


(Photo L'Equipe)


Coupe du monde 1999
France - Nouvelle-Zélande : 43-31, demi-finale, le 31 octobre à Twickenham




Sa personnalité
Son jeu
Et demain ?

 Leurs années ensemble

« Fabien a connu une évolution naturelle à son poste. Arrivé comme un joueur de rugby, il est devenu petit à petit un demi de mêlée. S'il était doté de jambes de feu dont il profitait à merveille, il s'est transformé en demi de mêlée pour faire jouer les autres. Il s'est bonifié au fur et à mesure qu'il " perdait ses jambes " et il est devenu un animateur hors-pair. Je connaissais Fabien depuis longtemps. Lorsque j'étais conseiller technique, je l'avais retenu en sélection Midi-Pyrénées chez les cadets et les juniors avec Jérôme Cazalbou. En 1991, Fabien avait une grâce naturelle et des jambes explosives. Il était déjà très fort individuellement malgré quelques manques collectivement. Alors, très vite, on l'a porté aux nues (il participe à la Coupe du monde à 22 ans seulement, ndlr.). Et je pense qu'il a eu du mal à se remettre de cette période. En 1995, lors de la Coupe du monde, j'avais obéi à ma logique. Pour moi, le demi de mêlée titulaire devait être Guy Accoceberry, dans la foulée de la tournée de 1994 en Nouvelle-Zélande. J'avais préféré Aubin Hueber en remplaçant à Fabien mais pourtant je considérais que Fabien était au dessus du lot. Mais je ne voulais surtout pas faire jouer la concurrence pendant la Coupe du monde. Ma logique était simple : la concurrence doit jouer pleinement avant une compétition, pas pendant. Maintenant, les circonstances et la blessure d'Acco m'ont amené à rappeler Fabien pour disputer la demi-finale contre l'Afrique du sud. Et je pense que disputer ce match lui a fait beaucoup de bien. »

 Sa personnalité

« Fabien est quelqu'un d'hyper-sensible. Il a peut-être mal vécu ce qu'on faisait ou voulait faire de lui. Il n'était alors sans doute pas prêt à assumer. Mais outre cette grande sensibilité, il est aussi tenace, volontaire et courageux. Fabien a traversé beaucoup d'épreuves mais elles l'ont renforcé. Et il récolte aujourd'hui les fruits de son talent. Il a su franchir les " incontournables ". Demi de mêlée, c'est être meneur de jeu et meneur d'hommes. Et c'est là que Fabien a réussi à s'exprimer à plein. Lorsqu'il a été appelé pour rejoindre l'équipe de France lors de la Coupe du monde 1999, il a amené une autorité simple avec un seul but : redéfinir les bases simples du jeu, les fondamentaux. Il a organisé la conquête, la défense, bien appuyé par des relais comme Benazzi, Ntamack ou Lamaison. Que des joueurs rejetés, puis de retour... Tous ensemble ont forgé une organisation simple et efficace. Et là dedans, Fabien a amené une autorité simple et indispensable. »

 Son jeu

« Pleins de détail m'attirent en lui. J'aime vraiment le regarder jouer. Il est capable d'amener sa différence dans tout un tas de secteurs du jeu. Par un geste, un mot, un regard. Il assume parfaitement sa personnalité. Et il a réussi à s'imposer naturellement, sans faire de bruit. Ce qui paraît un peu suspect aujourd'hui où l'on recherche d'abord le côté " people ", grande-gueule. Mais ce n'est pas ce qu'on doit attendre de Fabien. Maintenant, vous me demandez de juger son jeu. Je vous réponds simplement que je n'ai pas le droit de le juger et que j'ai juste beaucoup de plaisir à le voir jouer. »

 Et demain ?

« Fabien Galthié à la Coupe du monde 2003 ? S'il y entre pour l'Histoire, ce sera le danger pour lui. Car même si Fabien s'est construit une carapace, elle ne cachera pas complètement sa nature hyper-sensible. Un an, c'est court et loin à la fois. Aujourd'hui, il ne connaît pas de problème. Mais s'il veut être présent à la prochaine Coupe du monde, il devra, pendant encore un an, se préparer physiquement, psychologiquement. Il devra être au top de la motivation. Il devra la conserver présente, comme aujourd'hui. Mais aussi la nourrir et la faire vivre. Et ça, c'est difficile. Mais attention, je ne lui veux pas de mal. Je veux que l'on comprenne bien mon propos. J'espère que cette année à venir sera heureuse pour Fabien. Je ne lui souhaite que des bonnes choses. Dont une fin de carrière internationale sur une belle Coupe du monde. En plus, aujourd'hui, il est sur une voie royale. Leader d'un groupe qui monte en puissance. »